Vous avez dit Signalisation?

Publié le par Tonton1

Quelques réflexions sur la signalisation par utilisation des
« petites cartes inutiles ».

Les informations nécessaires à un joueur de la défense sont de 3 types :

1)      des informations qui concernent la distribution de la main du partenaire et par contrecoup de celle du déclarant. Le signal de compte (nombre de cartes d’une couleur spécifiée) permet d’obtenir de telles informations

2)      des informations qui concernent le potentiel de gain de levées en jouant une couleur particulière ou le risque qu’il y a de donner au déclarant des levées indues dans cette couleur. Le signal d’attitude (appel/ refus) permet d’obtenir ces informations

3)      des informations permettant de choisir entre plusieurs couleurs celle qui conduira au plus grand nombre de levées pour la défense ou évitera de livrer des levées indues au déclarant. Ou bien des informations qui permettent de choisir la couleur dans laquelle le partenaire détient une remontée pour traverser une couleur déclarant ou donner une coupe. Pour accomplir ces objectifs le signal de préférence peut s’avérer indispensable

un signal ne peut en général donner qu’un seul type d’information. Donc une paire doit savoir si, dans une situation déterminée, le signal du partenaire est compte, attitude ou préférence.

Le signal de compte qui est quantitatif ne souffre aucun mixage. Un signal distributionnel peut être combiné à un signal d’attitude (entame en 4° meilleure).un signal d’attitude peut parfois être combiné à un signal de préférence (défausse italienne).

Une des difficultés de la signalisation est qu’il faut être capable d’associer chaque type de signal avec les situations où il est le plus utile au partenaire. C’est un travail pour la paire aussi important (et aussi complexe) que celui d’être sûr d’utiliser le même système d’enchères et les mêmes conventions.

Nous supposerons pour la suite que ceci est acquis. Nous ne discuterons pas de la manière dont les informations sont fournies. Il y a diverses options mais c’est le plus facile.

Les 3 types de signaux sont de nature très différente. Tout d’abord la complexité de ces signaux les rend fondamentalement différents dans leur mise en œuvre et leur utilisation.

Le compte est le signal le plus simple. Il consiste à dire au partenaire : « j’ai un nombre pair ou impair de cartes de la couleur que je joue ».

Quand le partenaire voit successivement 2 cartes de cette couleur il a l’information souhaitée sans ambiguïté.

Il y a cependant quelques difficultés de lecture.

1)      il faut souvent pouvoir lire l’information au vu de la seule première carte jouée.

2)      La notion de parité est parfois insuffisante. En particulier il n’est pas toujours simple de distinguer entre 2 et 4 cartes.

L’usage que fera le partenaire du signal de compte est sous son entière responsabilité.

Pour le joueur qui transmet l’information il y a également peu de difficultés.

1)      il doit se demander si le partenaire a vraiment besoin de l’information et ne pas la donner (au profit du déclarant) dans le cas contraire.

2)      Il doit choisir les cartes du signal de manière à ce que leur lecture soit la plus précise possible.

Faire un signal de compte ne comporte aucune marge d’interprétation : le nombre de cartes de la main est un nombre et c’est ce qu’il faut essayer de transmettre.

Lire un signal de compte comporte une petite marge d’interprétation en fonction des cartes visibles.

L’attitude est déjà un signal plus complexe. L’information que l’on doit transmettre est : « la couleur jouée m’intéresse » ou l’inverse. C’est une information qualitative, elle fait appel au jugement et elle dépend des circonstances. Il pourrait être tentant de moduler l’intérêt par le choix de la carte jouée (quand il y a un choix). Mais ce serait au détriment de la facilité de lecture par le partenaire et c’est en général totalement illusoire.

En plus des mêmes difficultés rencontrées avec le signal de compte, l’attitude nécessite d’évaluer au moment de jouer la carte de signalisation ce qui est nécessaire à la décision. « De mon point de vue l’exploitation de cette couleur en défense est importante » ou bien « cette couleur n’a pas d’intérêt pour la défense ».

Il y a maintenant un partage de responsabilité entre le joueur qui signale et son partenaire quant à l’utilisation du signal.

Le signal de préférence est encore beaucoup plus complexe. Le partenaire aura besoin de ce signal lorsqu’il devra choisir entre plusieurs couleurs à jouer.

Le joueur qui signale doit faire la même évaluation que dans le cas de l’attitude mais cette fois pour au moins 2 couleurs et comparer les diverses options.

De plus réduire la décision à un choix binaire est parfois impossible car il y a 3  possibilités :

1)      l’une des couleurs est nettement préférable et dans ce cas le signal de préférence est utile ou même indispensable.

2)      Les 2 couleurs sont intéressantes et le mieux serait que le partenaire décide seul. Dans ce cas le signal de préférence est peut-être inutile mais sans inconvénient.

3)      Les 2 couleurs sont sans intérêt et peut-être dangereuses et il vaudrait mieux que le partenaire décide strictement selon son propre jeu. Dans ce cas le signal de préférence peut être catastrophique.

Le fait qu’il faille qu’un signal ne comporte en général qu’un seul type d’information oblige à les hiérarchiser.

En France, dans l’enseignement et dans les publications qui traitent de la signalisation c’est le compte qui est considéré comme le plus important, prioritaire.

Dans les publications anglo-américaines les avis sont beaucoup plus partagés et il y a autant d’avis pour considérer l’attitude comme prioritaire que le contraire.

Tout le monde s’accorde à penser que le signal de préférence n’est à utiliser que dans des situations très spécifiques ou lorsque les informations d’attitude et de compte sont déjà connues.

Personnellement je considère que l’attitude est le signal le plus important pour essentiellement 3 raisons.

1)      dans un assez grand nombre de cas, le partenaire peut prendre la bonne décision aussi bien avec l’information du signal d’attitude qu’avec celle du signal de compte et il y a autant de cas où seule l’attitude permet de prendre la bonne décision que de cas où c’est le compte seul.

2)      Dans un grand nombre de cas on peut remplacer un signal de préférence par un signal d’attitude. Quand il y a un choix à faire entre 2 couleurs, l’une des couleurs a souvent une importance plus grande que l’autre et il est alors possible de montrer l’attitude pour cette couleur que les circonstances privilégient.

3)      Les informations que se donnent les défenseurs sont disponibles pour le déclarant. Or les informations de compte, qui sont des informations totalement objectives, sont beaucoup plus facilement utilisables par le déclarant que les informations d’attitude qui sont beaucoup plus subjectives.

Demandez-vous par exemple si le déclarant n’utilise pas, souvent plus efficacement que vous, l’entame en 4° meilleure du partenaire dans un contrat à SA. (Ce n’est pas une information de compte mais c’est une information distributionnelle qui parfois donne le compte quand l’entame et un « 2 »).


Nous adopterons donc la hiérarchie : attitude>compte>>préférence.

Autrement dit, dans une situation donnée, si l’attitude est une information utile il faut signaler en attitude.

Quand l’attitude est inutile ou évidente, si le compte peut être utile il faut signaler en compte.

Quand l’attitude et le compte sont inutiles ou connus (les enchères et le mort ont aussi fourni des informations) on doit signaler en préférence (ou une équivalence) si elle peut être utile au partenaire.

Bien entendu il existe quelques situations spécifiques où cette hiérarchie ne doit pas être respectée. Par exemple quand le partenaire entame d’un A dans un contrat à la couleur et que le mort est singleton, le signal dont le partenaire a le plus besoin est la préférence. Il devra en général choisir la continuation dans une autre couleur.

De même quand il y a au mort une couleur puissante sans remontée externe et non encore affranchie le signal le plus utile au partenaire qui y détient un arrêt est le compte. Il a besoin de savoir s’il doit prendre la levée qui lui appartient au 1°, 2° ou 3° tour de jeu de cette couleur.

Il reste maintenant le plus dur : décrire les situations dans lesquelles ces signaux (avec d’autres complémentaires et plus spécifiques) sont à utiliser.

Patience !

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