Contres inférentiels

Publié le par Tonton1

Contres inférentiels.

Marshal Miles bridge World 120132.

Les pénalités les plus lucratives sont obtenues par le camp ouvreur quand les défenseurs interviennent à bas niveau. Les interventions ont de sérieux risques ; a contrario quand une paire demande volontairement une manche, particulièrement sans interférence, elle n’est en général pas loin de gagner son contrat. Mais parfois les couleurs sont mal partagées et les impasses ratent. Quand vous pouvez prévoir de tels mauvais partages et si les adversaires ont atteint la manche par des enchères faibles il faut contrer, par exemple :

1T (-) 1K (-)//1P (-) 2P (-)//2SA (-) 3P (-)//4P (-) - ?.

Avec quelque chose du type x, xxx, RV 9, D V 10x, vous devez contrer. En fait c'est un contre punitif idéal évident. Aucun des adversaires n'a de réserve de force. S n'a pas pu dire 3SA sur 2P et N n'a pas pu dire 4P sur 2SA. Les atouts sont évidemment distribués 4441. Un partage 4/1 d'atout est en général une gêne pour le déclarant. Si le déclarant est naïf il peut croire que c'est vous qui êtes long à l'atout et faire son plan de jeu dans cette idée. Vous aviez des K contre le mort et les T de l'ouvreur contrôlés. Si le déclarant a une impasse à C elle perdra aussi. Il est probable que 4P chutera fortement contre toute défense, mais un autre avantage du contre est qu'il suggère fortement l'entame K (couleur du mort). Sans le contre le partenaire entamera probablement la couleur verte à C, vers la fourchette du déclarant.

En principe il faut que tous les éléments clés soient en place avant de faire un contre inférentiel.

1C (-) 1P (-)//2C (-) 4C ? Ici un contre serait trop dangereux. Les enchères n'ont pas été faibles ; chaque adversaire peut avoir de la réserve. Un singleton atout n'est pas très excitant à moins de savoir que les atouts du déclarant sont faibles. Ils peuvent très bien en avoir 9 sans perdante.

De même que vous ne devriez pas faire un contre inférentiel d'une séquence forte, un tel contre suggère soit une chute certaine (peut-être un teneur d'atouts extraordinaire) ou la nécessité d'une entame inhabituelle, analogue au contre d'un chelem. Par exemple :

1C (-) 2K (-)//2C (-) 4C ?……xxxxx, Axx, -, V 10 9xx.

Ici un contre est un risque calculé, mais la chute est pratiquement automatique si le partenaire a une rentrée rapide (et peut même se produire avec seulement une coupe à K).

Les contres de 3SA ont des implications d'entame :

1K (-) 1P (-)//1SA (-) 2SA (-)//3SA (-) ? Vous devriez contrer avec RV 98, xx, xx, Axxxx. C'est un contre idéal de 3SA. Le contrat a été atteint par une séquence faible (il serait trop dangereux de contrer si le répondant avait jumpé à 3SA car alors N pourrait être en limite de tentative de chelem), et vous n'avez pas trop de force. Le partenaire peut faire 1 ou 2 levées, peut-être plus ; sur entame P vous êtes confiant pour la chute.

Le type de contre le plus débile de 3SA est celui fait avec une distribution régulière et une grande force. Probablement les adversaires ont de bonnes distributions avec 1 longue en plus ou une source de levées. En indiquant où sont placés les honneurs vous facilitez un squeeze ou une mise en main du déclarant (s'il ne peut pas faire des impasses). Et le partenaire qui n'a rien ne coopéra pas en défense. Vos chances de défense diminuent considérablement si tous les honneurs sont dans la même main.

Un type différent de contre à SA se produit quand aucune couleur n'a été nommée : 1SA (-) 3SA ( ?)……xx, ADV 10x, Axx, xxx. Avec un bon partenaire vous devriez contrer. W comprendra que votre contre n'est pas une grande force (parce qu'il sait que ce serait une erreur) mais plutôt basée sur une longue avec une seule perdante et une entrée annexe. La couleur du contreur est en général une majeure quand le répondant ne cherche pas un fit majeur 8°. Si W doit choisir entre xx et Dx il devra préférer xx car il est peu probable de demander une entame quand la D est absente.

Un autre domaine de bonne stratégie de contre est de passer quand il semble que les adversaires vont être en difficulté :

1T (1P) 2C ( ?)……. Que devez-vous faire avec Rxx, DV 98, Dxxxx, x ? Vous n'êtes pas trop confiant dans un contre de pénalité, surtout à cause de votre soutien P ; mais à moins que le répondant ait un fit trèfle, les adversaires pourraient bien chuter. Même avec un fit trèfle ils peuvent aller trop haut parce que les C et les T sont mal partagés. Si vous dites 2P vous pouvez les refroidir. L'ouvreur peut passer pour montrer un minimum et peut être que 3T sera le contrat final. Mais tant que les enchères continuent chaque adversaire peut espérer trouver l'aide d'une D chez le partenaire. Il faut passer en laissant les adversaires se débrouiller seuls. Si l'ouvreur soutient à 3C et que le répondant en dit 4 vous pourrez contrer. En fait, vous pouvez contrer même si le répondant décide de passer sur 3C : s'il espère gagner 3C avec un partage normal, ça ne gagnera pas cette fois.

Même si cela semble certain, évitez de contrer quand vous n'êtes pas sûr du contrat final, par exemple (NS vulnérable) :

1K (-) 1SA (-)//- ( ?)…… ADx, Rx, A 1098x, RDx.

Même si 1SA contré avec entame K sera un très bon résultat pour votre camp, il faut passer. Si vous contrez, le partenaire parlera probablement avec sa main très faible. Il est préférable de passer en se contentant du plus sûr (ou en paires en espérant 200 qui battra une partielle de votre camp).

Il y a quelques situations ou vous êtes trop fort pour contrer, mais il ne faut pas être extrême en passant par crainte que le partenaire enlève le contre. Même si sa croyance en votre jugement est limitée il passera en général car il saura que parler serait désastreux. Par exemple :

(-) - (-) 1C//(1P) - (2P) -//(-) 3K (í) -// ? Les 2 camps étant vulnérables vous êtes sauvagement intervenu avec AV 9xx, 10xxx, -, Rxxx. Il faut absolument passer. Une intervention ne garantit pas beaucoup de défense et vous avez probablement 2 levées de plus que le partenaire peut espérer. Votre main est bien meilleure que si vous aviez 6 P ou des P commandés par RD au lieu de l'A. L'auteur de 3K fait probablement un essai qui trouve votre partenaire (qui peut facilement avoir 5K) au lieu de l'ouvreur. Une autre façon de voir les choses : vous auriez passé sur 3K si le partenaire avait passé. Vous n'êtes pas assez fort pour reparler. Maintenant que le partenaire dit qu'il peut battre 3K et demande de passer et défendre pourquoi le contrarier ? Ce serait un mauvais système si vous passez quand le partenaire n'a rien à dire mais quand il dit « défendons, je pense qu'on peut les battre » vous disiez « non, maintenant que vous avez contré je crois que je vais parler ».

Des situations analogues se produisent après des enchères de réveil. Certains joueurs réveillent léger puis enlèvent le contre de pénalité du partenaire parce qu'ils sont faibles. Mais réveiller, qui suppose souvent qu'on annonce la force du partenaire, ne promet pas grand-chose et un partenaire sérieux ne fera pas un contre douteux dans ces conditions. De plus quand vous réveillez, le partenaire a pu faire un passe « piège ». « Sauver » votre camp sur ce type de contre dit que vous pensez que le partenaire ne sait pas ce qu'il fait.

Publié dans Compétitives

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